Pourquoi un bon taux d'ouverture peut vous donner une fausse impression de succès ?
Un taux d'ouverture élevé ne veut pas forcément dire que votre email a été lu.
Voilà une vérité que peu de professionnels veulent entendre. Pourtant, il est essentiel de comprendre que l’ouverture d’un email est souvent… une illusion.
Ce chiffre rassurant, mis en avant par tous les outils d’emailing, ne reflète qu’une infime partie de la réalité : celle d’un utilisateur qui a laissé l’email s’afficher, parfois par accident, sans jamais en lire le contenu.
Pourquoi ce décalage ?
Parce que le taux d'ouverture est généralement déclenché par le chargement d’un pixel invisible placé dans l’email. Or, ce pixel peut être activé même sans réelle lecture, notamment via l’aperçu automatique d’un client de messagerie ou lorsqu’un utilisateur survole rapidement l’email sans s’y attarder.
Ouvrir ne veut pas dire lire. Et encore moins cliquer, comprendre, ou acheter.
Le danger, c’est donc de se satisfaire d’un KPI flatteur, sans creuser plus loin.
👉 Le résultat : on croit que la campagne fonctionne, alors qu’en réalité, elle passe totalement à côté de son audience.
Taux d'ouverture unique vs taux total : comprendre la différence
Un autre biais courant réside dans la confusion entre taux d'ouverture total et taux d'ouverture unique. Cette nuance, pourtant fondamentale, change totalement l’interprétation de vos performances.
- Le taux d'ouverture unique : mesure le nombre de destinataires ayant ouvert l’email au moins une fois, sans compter les réouvertures.
- Le taux d'ouverture total : prend en compte toutes les ouvertures, y compris lorsqu’un même utilisateur ouvre plusieurs fois l’email.
💡 Exemple MO&JO :
- Vous envoyez un email à 1000 contacts.
- 300 personnes l’ouvrent une fois = 30 % d’ouverture unique
- 150 personnes l’ouvrent deux fois, 50 trois fois = 40 % d’ouverture total
Où est le piège ?
Certains outils mettent en avant le taux total, plus élevé, pour flatter l’ego… mais sans indiquer que cela gonfle artificiellement la performance. Le taux d'ouverture unique, plus strict, reste l’indicateur le plus fiable pour mesurer la portée réelle d’une campagne.
❌ L’Erreur classique à ne pas faire : baser son A/B testing ou ses décisions stratégiques sur un taux total, et penser que le message performe, alors qu’il n’a séduit qu’une minorité de lecteurs actifs.
Comment mesurer correctement votre taux d'ouverture unique ?
La formule du taux d'ouverture unique est la suivante :
Prenons un cas pratique :
- Vous avez envoyé 2000 emails, dont 100 ont été bloqués.
- Sur les 1900 délivrés, 532 ont été ouverts au moins une fois.
👉 taux d'ouverture unique = (532 / 1900) x 100 = 28 %
Ce chiffre représente donc le pourcentage de votre base qui a interagi au moins une fois avec votre message. Mais attention, ce chiffre n’est valable que si les conditions de tracking sont fiables.
Vos outils de mesure sont-ils fiables ?
Depuis la mise à jour iOS 15, Apple empêche le suivi classique des ouvertures d’emails via son système de “Mail Privacy Protection”.
Le résultat : les pixels de tracking sont chargés automatiquement, même si l’utilisateur ne lit pas l’email. Une distorsion majeure qui fausse les taux d'ouverture, notamment sur les bases fortement composées d’utilisateurs Apple.
Voici 3 facteurs qui biaisent les résultats :
- Les aperçus automatiques (ex. Outlook ou Gmail) qui déclenchent une ouverture sans lecture réelle.
- Les bloqueurs de pixels utilisés par certaines extensions ou serveurs de messagerie sécurisés.
- Les multi-appareils : un même utilisateur peut ouvrir l’email sur plusieurs supports, créant des doublons ou faussant le taux total.
Pour faire simple : le taux d'ouverture unique reste utile… mais jamais seul. Il doit toujours être analysé en croisement avec d’autres indicateurs : taux de clic, de conversion, de réactivité, etc.
Évaluez votre taux d'ouverture unique en 2 étapes concrètes
1. Diagnostiquez vos performances à partir du contexte
Dire qu’un taux d'ouverture unique est bon ou mauvais sans contexte, c’est comme juger une stratégie marketing uniquement à son budget. Cela n’a aucun sens.
Avant de paniquer (ou de sabrer le champagne), posez-vous les bonnes questions :
Quel est l’objectif de l’envoi ?
Une campagne de fidélisation ne sera pas jugée sur les mêmes bases qu’un envoi promotionnel massif. Un taux d'ouverture à 20 % peut être très satisfaisant pour l’un, et décevant pour l’autre.
Quel est l’historique de votre base ?
Si votre base est ancienne, peu engagée, ou peu segmentée, vos performances seront naturellement plus basses. L’important, ce n’est pas le chiffre brut, mais la tendance. Est-ce que vos taux progressent ? Ils stagnent ? Ils régressent ? Voilà la vraie information stratégique.
2. Identifiez les signaux faibles avant qu’ils ne deviennent critiques
Un taux d'ouverture ne chute pas brutalement du jour au lendemain. Il s’érode. Lentement. Silencieusement. Et souvent, on ne s’en rend compte que lorsqu’il est déjà trop tard.
Voici les signaux faibles à surveiller, et qui doivent déclencher une action immédiate dans votre stratégie emailing :
Une baisse progressive sur plusieurs campagnes consécutives.
Ce n’est pas un accident. C’est un symptôme. Fatigue de votre audience ? Répétitivité des contenus ? Problème de délivrabilité ? À vous de creuser.
Une stagnation alors que vous multipliez les efforts.
Vous avez testé de nouveaux objets, changé l’heure d’envoi, ajusté votre segmentation… mais rien ne bouge ? Cela signifie que le problème est plus structurel : qualité de la base, manque de valeur perçue dans vos messages ou promesse floue dès l’inscription.
Une hausse des désabonnements ou des adresses inactives.
C’est souvent le signal que votre contenu n’apporte plus suffisamment d’information pertinente, ou que votre fréquence d’envoi n’est plus adaptée. Là encore, ce n’est pas une question de volume, mais de pertinence marketing.
Le vrai risque ? Continuer à envoyer comme si de rien n’était sans ajuster votre stratégie. Parce qu’en emailing, un contenu mal ciblé ne fait pas que baisser vos taux… il détériore votre délivrabilité globale. Et ça, c’est bien plus difficile à réparer qu’un objet peu inspirant.
Si vos emails ne sont pas lus, voici probablement pourquoi
Un taux d'ouverture faible n’est jamais une fatalité. C’est souvent le reflet d’un ou plusieurs blocages identifiables et surtout, corrigeables. Voici les causes les plus fréquentes que nous observons chez nos clients, quelle que soit la taille de leur entreprise ou leur secteur d’activité.
Des objets trop plats, des pré-headers négligés
Votre objet est la première ligne de votre email marketing. Si elle est banale, floue ou trop longue, votre message sera ignoré, voire supprimé, sans même être ouvert.
Ce que voient vos abonnés dans leur boîte de réception, c’est un trio : le nom de l’expéditeur, l’objet et le pré-header. Ces trois éléments sont la vitrine de votre contenu.
❌ Mauvais exemple d’objet :

Une base trop large et mal ciblée
Si vous Envoyez une newsletter à toute votre liste d’abonnés sans distinction, c’est comme envoyer le même message à toute votre entreprise : vous parlez, mais personne n’écoute.
Chaque abonné a ses propres attentes, comportements et moments de disponibilité. Une stratégie emailing efficace repose sur une segmentation fine, basée sur :
- Le comportement d’ouverture et de clic
- Le niveau d’engagement
- Le cycle de vie client
- La date d’abonnement ou la source de la donnée
Une entreprise qui diffuse ses emails sans distinction produit des campagnes inefficaces… et use la patience de ses lecteurs.
👉 Résultat : une baisse de votre taux d'ouverture, une hausse des désabonnements et un signalement en spam. Et dans vos rapports de campagne ? Des statistiques décourageantes, malgré un contenu parfois très bon.
Un manque de personnalisation et de rythme
Trop d’envois tuent l’envoi. Trop peu aussi. Tout est question de rythme… et de pertinence.
Il ne s’agit pas de mettre automatiquement le prénom de l’abonné en haut de l’email (“Bonjour [Prénom]”) et d’appeler ça de la personnalisation. Non. La vraie personnalisation, c’est :
- Adaptez la fréquence selon l’engagement
- Proposez du contenu pertinent, au bon moment
- Utilisez des données comportementales pour anticiper les besoins
Et n’oubliez pas votre nom d’expéditeur. Est-il cohérent avec votre marque ? Suscite-t-il la confiance ? L’impact du nom est souvent sous-estimé, alors qu’il influence directement l’ouverture.
✅ Bon Exemple :

❌ Mauvais Exemple :
